Le dernier solstice d’hiver

Sur le point de fêter ses 27 ans, Juliette, top-modèle de renom, voit sa vie basculer lorsque son contrat est suspendu et qu’elle retrouve son appartement complètement saccagé. Bien décidée à s’accorder du repos, la jeune femme répond à l’invitation d’une communauté zen établie au cœur de la Lozère. Elle qui s’attendait à un hôtel avec room-service et Spa tombe de haut. Cette communauté prône un retour à la nature et à la simplicité qui est loin de correspondre à son quotidien de parisienne branchée.

Mais quel est donc cet arbre immense au nom imprononçable qui semble être au centre de leur étrange culte ? Pourquoi la vue de sa cicatrice provoque-t-elle de telles réactions ? Et qui est donc cet homme qui semble lire en elle comme s’il la connaissait depuis toujours ?

Toutes ces questions n’auraient pas vraiment d’importance s’il n’y avait ces affreux cauchemars.

 

 

 

 

 PROLOGUE

 

12 novembre 2008

 

            Le va-et-vient des balais d’essuie-glaces était abrutissant. Et Danièle ne parvenait pas à en détacher ses yeux bleus. Au-delà du pare-brise, la visibilité était quasi nulle malgré la lumière crue des phares qui balayait la nuit. Tombant du ciel avec violence, un épais rideau de pluie tentait de ralentir la progression du véhicule roulant à toute allure sur cette route de montagne bordée par le vide.

– Ne t’inquiète pas, Dani ! Ça va aller !

Danièle tourna son regard exorbité de terreur vers Marc, son mari. Tout son corps lui semblait comme paralysé, vissé au siège. Seules ses mains blêmes ne cessaient de trembler.

– Essaie d’appeler encore une fois !

La femme baissa les yeux sur ses genoux. Sur sa large jupe, le téléphone portable suivait le mouvement des virages et tressautait au rythme des ornières. Elle saisit maladroitement l’appareil et composa le 17. Aussitôt, trois bips à son oreille lui signifièrent une fois de plus qu’ils se trouvaient dans une parcelle de territoire français dépourvue de réseau  téléphonique.   À   moins  que   ce  ne  soit  dû   aux  conditions météorologiques…

– Toujours rien ?

– Non… souffla-t-elle avant de poser ses mains sur son ventre rond dans lequel son fils s’agitait. Je suis désolée, chéri. Tout est ma faute.

Des larmes brûlantes noyèrent ses yeux et se répandirent sur ses joues pâles.

– Non, ce n’est pas de ta faute. Je savais dans quoi je m’embarquais lorsque je t’ai épousé. Tu ne m’as rien caché. Je savais qu’il y avait un risque pour qu’ils nous retrouvent un jour.

Marc jeta un coup d’œil dans le rétroviseur. Ils étaient toujours là, derrière eux. Il pouvait voir leurs phares gagner du terrain. Bientôt, ils seraient pare-chocs contre pare-chocs.

– Je t’aime, murmura Danièle.

– Moi aussi, mon ange.

– Attention !!!

Danièle plaqua ses mains contre le tableau de bord, les yeux fixés sur le véhicule arrêté en travers de la route pour leur bloquer le passage.

Alerte, Marc tourna brusquement le volant à droite et appuya de toutes ses forces sur la pédale de frein. Il évita de justesse le véhicule arrêté et les deux individus armés, serra les dents et crispa ses doigts sur le volant tout en braquant de nouveau. La voiture dérapa sur l’asphalte détrempé, heurta la falaise abrupte et disparut, happée par le vide.